A sylvie B.
Sous le ciel étoilé, des colonnes doriques
Portent à bout de bras la voûte féerique ;
Que reste-t-il du temple où les anciens rentraient
Prier l’immense dieu par le grand propylée ?
Désormais, autre monde, autres cieux, autre époque,
Qui n’ont sous leurs piliers que des accords de roc…
Chrétiens, croyants ! Qui sont ces prêtres inconnus
Illuminant le sol et s'y roulant dessus ?
Tous, ils vont, ils errent, sans cris de joie, sans lyre,
Ainsi que fait le vent au pont d’un vieux navire…
Sont-ce eux ou bien les ans qui m’ont soufflé le toit ?
Un acrotère au sol parlera-t-il de moi,
N’est-ce pas du fronton que sa voix tombait pure ?
Ces hommes en riraient s’il tenait sur son mur !
Des frises sont à terre et passent sous leurs mains,
Ainsi que sur des chats dont on palpe les reins !
Mais un tympan git là dedans de folles herbes,
Car des prières vont cachées entre les gerbes…
Chaque dieu disparaît quand son temple est tombé ;
Le mien, c’est l’univers, nul ne peut l’ébranler !
Oui, l’arbre qu’on croit mort est débordant de sève,
Et ce grand souvenir étêté de ses rêves,
Humains, contemplez-le ! Ignorants et mortels,
Son amour n’est pas mort et la croix n’est pas vaine,
A l’oubli de son nom, n’ajoutez pas la haine !
Des pierres sont brisées, est-il moins éternel ?
Ah ! Qu’en ce jour précieux où vous fêtez Noël,
Vous reveniez au dieu qui descendit du ciel…
Il rêvait du pays où coulera le miel,
Son tabernacle en ruine, j’aimerais vous crier,
Ridicules cailloux, minuscules graviers,
Gouttelettes, rosées, si vite évaporées,
Que vous seriez si grands si vous osiez l’aimer !
Sébastien BROUCKE
24 décembre 2011