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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 21:15



Etalé sur un bout de rabane ou de plaid,

J’attendais en bronzant que le jour aux soirs cède.

 

La mer était devant, comme à son habitude,

La crème sur les gens, le soleil, lent, sourd, rude.

 

Espérant qu’à nos joies quelque autre joie survive,

Nous désirions sereins que surtout rien n’arrive.

 

Plus les heures pesaient, plus le sable était chaud,

Plus on voyait de l’air dans les bouteilles d’eau.

 

Quelques balles claquaient sur la joie des raquettes,

Et ce monde semblaient être une autre planète.

 

Nous allions bienheureux, immobiles agneaux,

Intensément sensés, malgré nos jeux idiots.

 

Comme à table un enfant s’amuse avec des miettes,

Le ciel nous retournait souvent sur nos serviettes.

 

Humanité divine ! Et grande insolemment,

Tu n’étais plus coupable au court de ces instants.

 

Tu n’étais plus toi-même et l’univers tout autre,

Tant le rire des uns faisait la joie des autres...

 

Oubliant le passé, vivant sans lendemain,

On était libre alors dans nos maillots de bain.

 

Juste un coin de repos, un morceau de sagesse,

Plus de méchants, de sots, la paix, la belle ivresse.

 

Les hommes paraissaient amis depuis toujours,

Et ce mensonge encor durerait quelques jours...

 

Quoiqu’ils fussent plus courts, fissent la nuit plus noire,

Ils avaient comme un goût d’allégresse et d’espoir.

 

Chaque âme allait gorgée de silence et d’entrain,

Dans ce sincère été s’approchant de la fin.

 

Car ne plus le chercher nous l’avait fait tenir,

Le bonheur attendu n’était plus à venir...

 

Mais qu’allions-nous garder de ces heures joyeuses,

Nous qui n’étions qu’un bruit, Oh ! plages merveilleuses ?





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 21:00



Au travers des rochers arides et obèses

Le soleil mollement inondait mon trajet.

Sur le sommet des pieds des vignes héraultaises

Un ciel bancalement titubant se penchait.

 

Le train, lancé, rempli de siestes voyageuses,

Berçait cahin-chaos mille humeurs disparates.

Immobile passait, simple et délicieuse,

L'humaine absurdité que l'attente écarlate.

 

Comme les croix des cimetières militaires

Quadrillent le passé de leurs lignes sans fin,

Traçant des morpions immenses sur la terre

Des grappes se gorgeaient d'un sang lourd, rouge vain.

 

Rassuré, j'écrivais d'inutiles vers tendres.

Une suave voix tintait à chaque arrêt,

Beaucoup ouvrait un œil. Voyager ? Vivre, tendre...

J'avançais vers ailleurs et les raisins poussaient.






Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 16:15



Il pendait aux balcons de l'eau pleine de linge

Qui sur la moue des fils égouttait des sourires.

Au silence des vents, patients sèche-linge,

Des habits lentement ondoyaient à loisir...

 

Redressant chaque corde affaissée sous ce poids,

L'humidité mourante allait docilement.

Goutte à goutte tombant, décourbant des fils droits,

Le bonheur se fardait d'un soleil sévillan...

 

Répandant sa douleur, indicible, agréable,

Le jour impitoyable écrasait un lézard ;

Abattant le courage, enflammant jusqu'au sable,

Les brumes de lueur s'égaraient au hasard.

 

La chaleur était moite et le bleu sur le blanc,

L'instant tranquillement s'écoulait dans l'air pur,

Des arbres s'arrêtaient, religieusement,

Pour regarder leur ombre avancer sur les murs...

 

Au coin des rues parfois disparaissaient des corps,

Des formes un peu floues qu'effrayait le ciel clair.

Tout semblait endormi, ce n'était qu’un décors,

Une image, un tableau, une église où se taire.

 

Sieste pesante et lourde, hommes évaporés,

Le linge allait séchant au cordeau balançant.

Les maisons doucement côte à côte parlaient,

Séville était en fleurs et nous étions enfants.

 

Le passé se réveille et me monte au cerveau !

Souvenir inutile et poussière bénie,

Andalousie lointaine, imposant bibelot,

L'huile de tous tes monts perle encor sur ma vie...

 

 

 

Sébastien Broucke

Grelots d'outre-temps

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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 15:45

à ma mère


Enfin vous étiez seule, heure privilégiée,

L’absence revenue vous goûtiez cette joie,

De marcher comme hier sur ce chemin de croix,

De laver la vaisselle et ces jours oubliés.

 

Votre tête penchée sur ce que vous étiez,

Vous plongiez dans l'évier la beauté de vos doigts ;

Remontant un couvert, un moment d'autrefois,

Vous frottiez l'un et l'autre et les faisiez briller.

 

L'eau claire du passé coulait en votre esprit,

Vos belles mains gantées de mousse grasse et blanche

Déposaient en semaine un peu des vieux dimanches.

 

Vous baignant bienheureuse, une heure allait ainsi,

Le corps à la cuisine et l'âme dans un songe,

Assiettes, souvenirs, passant sous votre éponge...






Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 15:30




Dans cette plaine immense où presque rien ne bouge,

On ne craint plus le froid, ni même le soleil,

Et sous le grand ciel sombre où la pierre va rouge,

Fière la terre attend, s’effleure sans abeilles…

 

Le gris seul illumine un temps qui semble mort,

Là, brillant dans les cœurs son silence de feu,

- Miroir où peuvent seuls croire les gens du nord -,

Le ciel qui les maudit les garde courageux.

 

La tristesse roucoule au pourpre de leurs tuiles,

Et leurs frêles maisons vont collées et de briques,

Mais, leurs vagues rêvant au bleu d’une autre d’huile,

Leur mer n’a pas besoin de calanque ou de criques.

 

Les pigeons réfugiés en haut des colombiers,

Osent un peu de vent d’une aile bien peu blanche,

Et malgré la couleur et le bruit des ramiers,

La nature est ici bien moins terne que franche.

 

Du lit de vieux canaux aux faîtes des beffrois,

Semant la bonne humeur dedans les jardinières,

Comme la peine est digne et bavarde la joie,

Le pays sans sommet parle mille rivières.

 

Là, dans les watergangs, lacis de promenades,

Voyant glisser parfois quelque ancienne bacove,

L’eau, délabyrinthée, au milieu des salades,

Sent le fil qui poursuit l’anguille qui se sauve…

 

Sous des grands peupliers dorment de grandes fermes,

Doux, le vin qu’on y boit mousse et sent le houblon,

La treille est une perche et dans l’espoir qui germe,

Les légumes parfois rappellent les saisons.

 

Pas d’été, point d’hiver, des choux-fleurs, des endives,

Peut-être un jour moins morne, un rayon de plus beau,

Une chance que sèche un peu mieux la lessive,

En tout cas rien de grave, et aujourd’hui point d’eau…

 

Dans ce pays retors et de chaleur moins grande,

On n’envisage pas vivre sous d’autres cieux,

Le linge seul connaît l’odeur de la lavande,

Et l’exil est hasard, jamais le but des yeux.

 

Sous l’aile des moulins maintenant disparue,

Craignant bizarrement ne plus trembler plus bas,

Les nuages d’ici toujours n’avançant plus,

La terre d’où l’on vient est celle où l’on s’en va…





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 15:15

Tasse-a-cafe.jpg

 

 

Remplie d’un peu d’amour, d’une nuit de café,

De terre de Limoges, de dessins passés,

D’une anse à son pourtour, de la chaleur tombée,

D’un sucre insoupçonné, d’une cuiller dorée,

D’un nuage de lait, de lèvres approchées,

De cercles ondulants sous des gâteaux trempés,

De souvenirs, d’odeurs doucement remontés,

De dimanches, de joie, de repas arrosés,

D’empreintes de trente ans, de rires éclatés,

De fêtes à venir, de printemps effacés,

D’enfances que toujours la vie recommençait,

De colères parfois, de tristesses cachées,

D’anecdotes vieillies si souvent répétées,

De temps vieux et changés, d’une heure délayée,

De fierté, de querelles, d’honneur, de projets,

De vie simple en famille et de jeunes mariés,

Du grand oncle parti, de ce nouveau bébé,

Du présent difficile et des larmes versées,

Des victoires de guerre et des morts pour la paix,

Une tasse ébréchée pleine et sans intérêt,

Précieuse et sans valeur qu’on tenait de Mémé,

Renversée par mégarde, ou par le dernier-né,

De la nappe élimée tombe sur le plancher…






Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 13:45



N’ayant pris qu’une bogue où, confiant, j’espérais des glands,

N’ayant plus de raison, d’écrire, même d’être,

N’ayant plus de message, hormis celui du beau,

Les saisons de mes vers et mes rythmes mourant,

Comme un agneau sevré que l’herbe appelle à paître,

Dans mes outres vieillies mirent leur vin nouveau.

 

Partir, partir, ailleurs, plus loin, encor, encor, toujours !

Il ne suffit plus d’être beau. De l’air, du large !

Il m’en fallait pour être à mes chevaux « Hue ! go ! ».

L’âme pour gouvernail, l’envie pour bateau lourd,

J’écrivais sur la ligne et bien plus dans les marges,

Mais de quelle espérance étais-je le héraut ?

 

Poussé par mon orgueil, et par un beau et rosse temps,

Tombant comme un hiver la sève en la racine,

Submergeant d’océans de dérisoires plages,

On guida mon écueil à travers d’autres vents,

Où poussant sur ma branche au milieu des épines,

Mille fruits différents prouvèrent mes voyages.

 

Tel un apollon du parfum, printanièrement,

Envoûté j’ai suivi, consentant et conscient,

Dans sa chute l’achaine, avare, indéhiscent,

L’absurde nécessaire et l’inconnu trop grand,

Le chemin que tu es, où marchant patient,

J’ai compris que s’écrire était fort indécent.

 

Mes textes m’ont porté, vivant, jusqu’aux sanglots de Dieu,

Dans des terres immenses, vierges, solitaires ;

J’eus la mangue et la figue et la fraise et la poire,

Plein la bouche et les mains, plein le cœur et les yeux !

Mol hier, enfin mon style est né de verre,

Et qui sait y plonger trouve l’heur de se voir.

 

Souvent, du mât de mon navire on aperçoit l’Eloge,

D’où mensongèrement tombent des quessaibaux.

Alors un oiseau passe et je l’entends qui craille ;

Il vient sur mon épaule et plus que d’épitoge,

Couvrant la voix des fats avec celles des sots,

Me sert dedans l’oreille : « Attention… feu de paille ! »

 

J’avance dans la nuit où sombre je m’écrie parfois :

« Oh ! mages, point d’enfant sous cette morte étoile. »

Puis là tu m’apparais, ma sirène, ma muse,

Et j’accepte confus qu’on puisse être né roi,

Bercé par une fée, sous une bonne étoile,

Pour servir le Destin quand même il nous abuse.

 

Mais l’ennemi sans nom, hideux, qui nous emporte tous,

M’avance ! Oui, ma couronne est la croix qui m’attend.

Car la même faucille aux peaux des mêmes champs,

Se moquant des galops sur l’herbe qui repousse,

Sait que d’autres saisons viennent prochainement,

Voir de nouveaux oiseaux voler sur d’autres temps...





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 13:30


Vroubel-Demon-assis.jpg

A l'inconnu qui m'a aidé, ailleurs, ce frère,

Cette muse ou ce dieu, j'offre cette oeuvre et mon

Respect,

 

Et me confonds, ravi, en de plates excuses

D'avoir été ce que je suis et d'être encore

Ce que je fus.

 

Mais, pour Lui, qui m'aime et me connaît, humblement,

Sans pudeur et sans modestie, sans exigence,

J'ose écrire " Merci ".

 

Merci... je suis enfin, moi qui n'étais, et le

Talent, hier, volontairement égaré,

Ce soir, libre, je l'ai rendu.

 

Et donnant ce que je portais, assassin de moi-même,

Multipliant le fruit et soignant la brebis,

Versant le sang d'une inféconde peine,

 

Orgueilleux, bien sûr, mais riche, grandi, fidèle,

Puisque j'ai voulu plaire en naissant qui je suis,

Caïn se regardant aima son frère Abel.

 

 

 

 

Sébastien Broucke

Grelots d'outre-temps

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