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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 12:00

 

Le torero à mort



Comme la force est robe aux bêtes andalouses,

Que leur sang, en tombant, teinte leur mort de gloire,

Mes yeux piqués du bleu que le ciel te jalouse,

Trouvaient dessous ses coups leur unique victoire !

 

Rêvant de retourner dans ce pays qu’ils cherchent,

Où l’ombre des taureaux va tressautante et leste,

Se détournant parfois des sommets où je perche,

Ma pensée s’en retourne aux arènes agrestes…

 

Et là, terrible, seul, calme, impressionnant,

Revêtu des couleurs qu’un vœu teinte d’espoir,

En habits de lumière et sans les cris des bancs,

Un matin courageux se laisse apercevoir.

 

Une armée d’oliviers chasse l’obscurité,

La lumière apparaît dans la ganaderia,

Tout semble se suspendre où tout s’est arrêté,

Le silence à nouveau, c’est tout ce qu’il y a.

 

A d’autres ce moment semblerait ridicule,

Un cénotaphe encor dressé dessous les cieux,

Mais de nos coruscants et doux conciliabules,

Il me revient de nous ce qu’en désirait Dieu.

 

Quand mon herbe luttait avec tes marguerites,

Allongés dans les prés où le temps passait doux,

Au présent de nous deux, moi petit, toi petite,

Les monstres éloignés, nos âmes paissaient tout.

 

Comme la joie d’un chant bondirait sur des branches,

Je posais mon sommeil juste à côté du tien,

Les oiseaux sifflotant le clouaient dans leurs planches,

Et déjà j’oublierai que ton cœur s’en souvient !

 

Celui qu’autant que moi tu voulais le plus beau,

Mêle mon inquiétude à ton ataraxie,

Mais d’un coucher de rire aux soleils en morceaux,

Notre amour éloigné m’est resté galaxie !





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 17:45




Mes lèvres en papier sont un vase d’où sort,

Tout un tas de futiles choses ;

Des mots embourgeonnés qui désirent t’éclore,

Des phrases qui ne sont pas assez bien taillées,

Mais qui pour toi toujours se veulent tant bouquet.

 

Ma voix passe au travers de quelques tâches d’encre,

Divulguant tout ce que je n’ose,

Et, sous des vêtements que le désir échancre,

Tatouant vigilant quelques laides beautés,

Ma main d’absurdes maux se plaît à dessiner.

 

J’y mets, assure et mens des couleurs maladroites,

Oui, je suis d’imparfaites proses,

Pis, mes larges pensées y doivent être étroites,

Cependant, juge ! œil ! loi ! quand elles vont vers toi,

Leur âme dans mon corps vient trembler quelque joie.

 

Car, c’est bien en ce lieu qu’elles pensent me rendre,

Jardin d’inaccessibles roses,

Où las, je peux en fin, touchée, ma chair étendre.

Pourtant, l’azur est loin, immense la science,

Rimer semble être un leurre à leurs impatiences…

 

Ma voix tonnait au chœur de pleins nuages d’encre,

J’y mettais tout ce que je n’ose,

Ah !… dans des vêtements que le désir échancre,

En écrivant par moi ce qui le dérangeait,

D’un murmure enflammé, le Verbe me prenait !

 

Des fragrances d’encore en mes textes sués,

Aux présents lointains qui s’y posent,

Les parfums intrigants qui cachent mes secrets,

Offrent avant tes fleurs, que je n’irai sentir,

De nos chemins, Lecteur, le même souvenir.





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 17:30

Croix


Écrire était absurde et j'étais assez sot,

Mourir m'était bien peu, survivre beaucoup trop !

Le bonheur ! Le bonheur !... Y repenser ?!... blessure !

Mais l'espérer, l'attendre..., Infâme déchirure !

 

Crayon porte-parole et papier porte-voix

Qu'un autre œil illusoire entendrait d'autres fois...!?

Exécrable mensonge, espérance fétide,

Comme à l'amour toujours le temps grave des rides !

 

Mes doigts dedans mon sang, mes yeux restant derrière,

Mon cœur versait sa bile et son vin dans mes vers.

Il fallait être un homme, il fallait oublier

Des phrases l'inutile et le prix à payer !

 

Jouer avec son mal, jouir avec ces mots,

Aimer cette douleur, masturber ce cerveau,

Plaisante ignominie, révoltante gabegie,

Écrire ?!... alliance et deuil, un mouchoir sur un cri !

 

Avoir été, parfois, faisait de nous quelqu'un,

Devenir important, impossible aux humains !

Il fallait être mort et, libéré, en somme,

Faisait qu'un souvenir devenait enfin homme !

 

Absurde, idiot, stérile ! Insignifiant passé,

Chaque oiseau migrateur ne connaît qu'un trajet !

Cœur, âme, enfance, azur, souffrance, amour et coups,

Chemin, jeunesse, été, passé, Dieu, mer et boue…

 

Les mêmes mots souvent revenaient se poser,

Mais rimant des bêtises je me découvrais.

Homme, toi, quand, je t'aime, espérer, tendre, corps,

Regard, sourire, Oh, ciel, main, soleil, génie, mort !

 

Si vivre sert un jour, je veux naître à moi-même,

Car le monde où je suis m'aura fait le sang blême.

Pour qui lira ces maux il ne faut qu'une clef,

Comprendre qu'on peut être en écrivant j'étais...





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 17:15




Après ce long instant d’étrangeté, de houle,

Berceau vie, mère amour, tu m’as sorti d’en toi,

Mais par tout ton regard et par ce lait qui coule,

Chaque jour que j’en meurs, tu reviens naître en moi.

 

De tes immenses yeux qui tombent dans les miens,

De ce grand face à face où notre amour s’empreint,

Je bois l’insouciance et la frayeur d’un rien,

Et sans aucune dent mâche ton corps fait pain.

 

En toi fut la douceur, sur toi gémit ma joie !

Je n’aurais rien connu sans sortir de ton ventre,

Ni compris que le monde a deux tétons pour centre.

 

L’assurance n’est plus mais au doute est la foi,

Alors, serrant ton doigt dans ma petite main,

Aux sanglots de ton sang, je vais, tétant tes seins…





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 17:00

 

 

Que les années sont loin où les mois semblaient longs,

Où j'étais branche, fleur, parfum, bouton, bourgeon,

Où nous étions couplets dans la même chanson,

Où j'étais cette enfant qui détendait ton front,

Cette femme embellie de prolonger ton nom,

Tes deux mains arrosées sur mon ventre tout rond...

 

Ma peau comme un papier, ta main comme un crayon,

S'unissaient comme l'eau vient s'unir au gazon

Pour offrir une fleur aux yeux des papillons.

J'étais jeune, jolie, lisse comme un ballon,

Chaque heure, chaque instant, mon amour nous riions,

J'étais alors un arbre, un nid, un oisillon.

 

Ton bras, tel un archet frôlant son violon,

Faisait sourdre en mon cœur les plus rares des sons,

De tendres symphonies où vibraient nos frissons.

Âme heureuse de toi, je n'étais qu'un flocon,

Une plume légère, un soupir, un rayon,

Une terre au soleil jouant sur l'horizon...

 

Mais plus puissant que tout, plus loin que le pardon,

Cœur de femme amoureuse enflammé de passion,

Je sentais ton amour dans mon ventre fécond.

Mes seins dessous tes doigts ballant à l'unisson,

Je devenais un fruit, un pain de communion,

Beauté, folie, sagesse, audace et déraison.

 

Ce nouvel empereur qui reliait d'un bond

Nos âmes, ces deux rives éloignées d'un pont,

Je le sentais bouger, venir comme un aiglon.

Traversant notre amour, cet autre Rubicon,

Il serait ma fierté, il était ta toison,

Et nous rangions sa chambre en cherchant son prénom…

 

Il était mon jardin, moi j'étais sa maison,

Et cette mélodie, telle une guérison,

Brûlait comme ce Dieu brûlait dans ce buisson.

Son corps dedans mon corps en ta respiration

N'eut l'écho de ta voix que deux courtes saisons,

Tu n'auras jamais su que c'était un garçon.

 

 



Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 15:45


Grand-père est attendu, changement de saison,

Sur la vitre un dessin jaillit dans la buée,

L’enfance est éphémère et comme elle nuée,

Mais plus le jour est court, plus ses contes sont longs…

 

Le ciel voudrait être bleu, quelques oiseaux se posent,

Au soir grave, serein, les fleurs ne sont plus qu’herbe,

Et le silence enfin parlant plus que le verbe,

Sur l’automne en tombant saigne une pluie de choses…

 

Le soleil épuisé n’est pas monté bien haut,

Où le vert a jauni il tombe même en feuilles,

Dans sa robe brûlée toute la terre en deuil,

A de plus en plus peur, a de moins en moins chaud…

 

Peut-être moins absurdes, beaucoup plus utiles,

Venus d’un peu partout, courant vers nulle part,

Aveugles de chemins, avares de regards,

Cent nuages chargés s’avancent immobiles…

 

Buvant puisqu’il le faut la brume qui se pose,

Les champs, comme une femme absente de pensées,

Contemplent l’univers qui vient s’y regarder.

Las, des animaux vont dans la pénombre éclose…

 

Le nez sur le carreau notre enfant se promène,

La nuit tombe déjà, Grand-père est en chemin,

Une étoile et deux yeux, brillant comme un matin,

Surveillent ce bonheur qu’un autre automne amène…

 

Des moissons achevées les chants ne sourdent point,

Dans l’écho qui s’éteint son souvenir timide,

Vers leurs refrains joyeux verse un regard humide ;

Plus les choses sont près plus les revoir est loin…

 

Le soir était serein, les fleurs n’étaient plus qu’herbe,

Comme un dessin s’efface au cœur de la buée,

L’enfance est à l’adulte un reste de nuée,

Et du silence aux maux il n’y a que le verbe…





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 15:30

14-12-2009-029-mains.JPG


Quand je serai, petit, grand-père grâce à toi,

Brume de souvenirs, vieillard bien éphémère,

Quand tu découvriras, peut-être grâce à moi,

L'amitié que l'on trouve en l'ami que l'on perd,

 

Quand je n'aurai plus rien que ton regard d'enfant,

Pour y voir mon passé et tout ton avenir,

Quand j'entendrai la mer aux vagues de ton sang

Me dire : « Rentre au port. C'est à lui de partir... »,

 

Alors c'est tout heureux que pour le grand retour

Je te raconterai tout le peu que je sais,

Le poids du moindre instant et le prix de l'amour,

La tendresse infinie quand il faut se quitter.

 

Oui, quand je n'aurai plus que cheveux gris et blancs,

Au pied du tableau noir en poussière de craie,

Je saurai dire encore à tes années d'enfant

« Je suis une seconde et toi une journée... »

 

Et de mes veines bleues jaillira l'encre rouge

Qui te peindra mon cœur monté vers tant de cimes...

De rêves étoilés en océans qui bougent,

Mon âme coulera, je t'ouvrirai mes rimes

 

Et je te parlerai sans qu'il faille de mots,

De la joie de te voir et du bonheur d'en vivre,

De ces erreurs que font les sages et les sots,

Quand ils s'en vont pleurer la chaleur sur le givre...

 

Quand je serai la lune à l'aube de toi-même,

Et toi, mon tendre amour, l'espoir avant la nuit,

Quand ta main dans la mienne écrira le poème

D'un vieil astre qui meurt et d'un soleil qui luit,

 

Quand je n'aurai plus rien dans le creux de ma main

Que des miettes de temps et toutes tes envies,

Quand j'ouvrirai mon cœur comme un vieux parchemin,

Où toi seul saura lire et la mort et la vie,

 

Alors, avant cette heure où dorment les images,

C'est pour toi que naîtront mes tous derniers sourires,

Ces mots qu'on voit s'écrire aux rides du visage,

Quand le jour est au soir et l'homme à repartir...

 

Car comme la lumière éclaire ou éblouit,

L'étreinte de nos cœurs au sommet de ma course

Sera neige au soleil, absence après le bruit,

Naissance en plein désert et mort près d'une source.





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 15:00



Quand vous retournerez votre beauté fanée

Sur les jours disparus, sur les années passées,

Quand vous n'aurez sur vous que les yeux des miroirs,

Les souvenirs éteints du fond de vos regards,

Quand vous repenserez aux amours effacés,

Aux lettres oubliées, aux hommes ignorés,

Quand vous n'entendrez plus que vos larmes tomber

Sur le sol craquelé de ce que vous étiez...

 

Quand vieillesse et laideur deviendront synonymes,

Quand jeunesse et beauté seront mensonge et crime,

Quand vous vous saurez morte avant même de l'être,

Quand vous mépriserez ce que vous aimiez être,

Quand vous n'aurez plus rien que cette horrible joie

De voir qu'il en est d'autres plus âgées que soi,

Quand devenue dévote de l'idiotie même,

Votre cœur maudira les hommes et Dieu même...

 

Quand vous serez jalouse à voir les garçons fous

Près de cette autre là que vous n'êtes plus vous,

Quand vous ne pourrez plus ne pas tout critiquer,

Quand vivre deviendra ce mal que vous direz,

Quand vous serez mégère, ignoble, sotte et laide,

Jamais soleil ou neige, immuablement tiède,

Quand vous ne saurez plus déchiffrer dans les cœurs,

Quand le bonheur d'un autre au vôtre fera peur...

 

Quand l'orgueil chassera les saintes joies d'hier,

Que l'enfant ne sera qu'objet dont on est fier,

Quand vous ne verrez plus sans regarder en vous,

Que vous serez la norme et l'idéal en tout,

Quand vous serez ce bois mort de s'être vu vieux,

Arbre qui n'offre plus ni fleur, ni fruit, ni feu,

Quand vous n'aurez en vous plus de rire à verser,

Que vos soucis sans nombre à faire partager...

 

Quand toujours le dimanche on vous visitera,

Que vous serez la poule attendant son repas,

Quand vous mépriserez jusqu'à votre mémoire,

Cette vie disparue vous faisant le sang noir,

Quand vous vous verrez boire aux égouts de votre âme,

Quand vous aurez perdu tout ce qui vous fait femme,

Quand avant de partir, avant de n'être plus,

Vous croirez que vieillir n'est que honte et que pus...

 

Alors, mais bien trop tard, vous irez regretter

Ce que vous n'étiez pas et ce que vous étiez,

Alors vous comprendrez devant vos pleurs séchés

Que vivre est châtiment autant que récompense,

Comment vivre à certains fait plus que la souffrance,

Combien c'est effrayant de n'avoir pas aimé,

Et que cette torture à vous s'est attachée

Qu'elle était votre but et vous sa destinée !





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 14:45



Stupide phaéton, imbécile cocher,

Croyant que ton fatum était ma destinée,

Je te voyais frapper, fouailler ma volonté !

 

Zoïle de moi-même, injuste ! insatisfait !

Vers où je n’allais pas je devais avancer,

Et galoper toujours quand je voulais marcher !

 

Tu me rêvais trop grand, non meilleur mais parfait !

Écrivain de talent à l’âme renversée,

Pas une goutte d’encre a daigné me rester…

 

Où mes pieds se blessaient je devais te mener,

Mais quand son sabot saigne, ou quand son dos zébré,

Quel animal fortrait peut encore avancer ?!…

 

En cet aveuglement et ta colère versée,

Mes couleurs surmenées n’étant plus déchiffrées,

Mes mots ne faisaient plus qu’une tache aux papiers…

 

Vouloir le goût d’un fruit avant qu’aient bourgeonné,

Le parfum dans la fleur, la sève dans l’idée,

C’est être criminel ; sans printemps point d‘été !

 

Qu’on soit montagne, arbre, herbe…à peine enraciné,

Là où l’on naît planté, l’esprit qui vient souffler,

Érode, brise, plie, mais ne peut rien bouger !

 

Mon orgueil, je t’en veux de m’avoir habité ;

Que ne m’as-tu laissé devenir qui j’étais…

Un poète petit, mais un poète aimé !





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 14:30



- Puisque je dois mourir, que mon heure s’en va,

Que ce qui m’habitait me délaisse déjà,

Que la rime comblée cherche un nouveau poète,

Que les muses lassées comme un amant me jettent…

 

Puisque je suis rempli de ce que j’ai donné,

Que je n’ai même plus un poème à verser,

Pas la moindre ennemie ridicule à combattre,

Plus de vers à couper, ni en toi, ni en quatre…

 

Puisque mes larmoiements et ces maux mal écrits,

Trop de ressouvenirs que mille ont déjà dits,

Je demande à Madame à partir dès demain.

 

- Mais, si l’on ne croit pas être plus que quelqu’un,

Si l’on n’a plus la foi pour que sans soi tout cesse,

Pour survivre à l’instant, faut-il que l’on se presse ?…





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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